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Instant d'humeur Octobre 2016 par Antoine TSHIMPI

26 Octobre 2016 , Rédigé par Antoine TSHIMPI

Instantd’humeurOctobre 2016 : Urgence santé en RDC

Les très faibles enveloppes allouées à la santé dans notre pays ne laissent guère de choix que de

s’occuper des programmes spécifiques (programme anti Sida, anti Hépatite, anti tuberculose, anti,

anti,…), certes importants voire vitaux pour une catégorie des populations, mais au détriment des

autres. C’est comme obliger un médecin à soigner d’abord les personnes atteintes de malaria, en

demandant à celles atteintes d’hypertension artérielle ou de cancer d’attendre quelques mois ou

années… Beaucoup seront mortes quand on reviendra vers elles.

L’accès à des soins de qualité demeure un véritable problème dans beaucoup de pays africains, et en

particulier dans notre pays, la RDC.

J’ai toujours pensé que, même avec des moyens limités dans nos pays pauvres, l’approche

« programme » devrait se faire sur base d’un « système» minimal fonctionnel. Les organismes

internationaux commencent d’ailleurs à revoir leurs stratégies.

L’article 47 de la constitution reconnait le droit à la santé pour tous les congolais. Cette même

constitution du 18 février 2006 consacre la décentralisation, avec transfert des pouvoirs importants

aux provinces, dans des domaines comme l’éducation et la santé.

Ainsi, le ministère national de la santé a comme rôle, entre autres, de donner une vision globale,

montrer l’horizon, fixer les normes ; alors que les provinces ont à décliner la politique de santé sur

terrain. Ceci nécessite un leadership fort et une volonté commune de réussite.

La dégradation de notre offre de soins n’est pas à démontrer ; elle oblige chacun de nous de

s’impliquer pour construire un (nouveau ?) système de santé basé, comme la plupart des systèmes

fonctionnels au monde, sur trois axes :

1. L’hôpital (public et privé) dans ses aspects structures (bâtiments, vétustés, matériels,…) et

fonctionnement en interne (organisation de travail, gouvernance médico-administrative,

gestion…) ;

2. Les professionnels de santé (formation initiale et continue, horaires de travail, salaires,

carrières, etc.) ;

3. Couverture maladie MINIMALE universelle.

S’acharner à réussir le point 3 sans réalisation préalable ou concomitante des points 1 et 2 est une

illusion.

Les soins de santé des congolais sont supportés à 40% par l’aide extérieure (OMS, UNICEF,…), à 39%

par les ménages, à seulement environ 15% par l’état. Il est nécessaire que ce rapport s’inverse,

surtout lorsque l’on est déjà au courant d’une baisse programmée de l’aide extérieure dans les

années à venir.

Dans les 10 dernières années, La RDC a consacré en moyenne 4,7% de son budget national à la santé

alors qu’elle s’est engagée à l’amener à 15% lors des accords d’Abuja en 2002. De plus, le taux

d’exécution reste inférieur à 60%, si bien que, au total, le budget de la santé en RDC ne dépasse pas

1% du PIB, largement inférieur à la moyenne des pays voisins.

Quelles sont les pistes à privilégier ?

- Réaffirmer la santé comme priorité pour les congolais ;

- Relever à au moins 10% la part de la santé dans le budget national ;

- S’atteler à rendre fonctionnel un maillage du territoire qui partirait de 516 zones de santé

déjà découpées (sur papier), avec montée en pyramide vers les hôpitaux généraux de

référence, puis les hôpitaux provinciaux de référence, puis vers les hôpitaux tertiaires ou

universitaires. On ne peut pas tout traiter partout ! Le développement de centres

d’excellence dans des domaines précis, en parallèle de centres tertiaires, devrait également

être encouragé.

Il y a urgence de réorienter notre politique de santé. Tous les jours, l’insuffisance de l’offre des soins

se traduit par des catastrophes concrets : des patients atteints de cancer sont presque délaissés, la

malaria continue à faire des ravages, la malnutrition infantile atteint des proportions troublantes,

plusieurs d’entre nous avons un frère, une sœur, un parent, un ami, etc., décédé à moins de 50 ans

d’âge, de suite d’une maladie potentiellement curable, etc. Pas étonnant, et c’est dramatique, que

l’espérance de vie des congolais (51 ans) reste inférieure à la moyenne africaine (56ans).

Nous ne devons pas tomber dans la fatalité, nous devons réagir ensemble.

Antoine TSHIMPI

Instantd’humeurOctobre 2016 : Urgence santé en RDC

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