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INSTANT D’HUMEUR JANVIER 2018. Dr ANTOINE TSHIMPI

12 Février 2018 , Rédigé par Antoine TSHIMPI

Instantd'humeur d'Antoine Tshimpi, 01/2018
Bonjour chers tous,

Certains parmi vous l'ont déjà lu. Plusieurs journaux et sites, comme rfi.fr, ont relayé les résultats d'une étude sud-africaine publiée dans The Lancet du 03/01: la mortalité post opératoire est 2 fois plus élevée en Afrique qu'ailleurs,... alors que les opérés sont moins âgés, ont moins de comorbidités,... (1).
Le monde.fr n'y va pas par le dos de la cuillère : #être opéré en Afrique tue deux fois plus#.

Ayons le courage de le dire: se faire opérer EN AFRIQUE (d'appendicite, hernie, ongle incarné,....) est donc soupçonnée ou considéré être un facteur de risque opératoire!

Dans le même registre, lors du dernier congrès AFMED, un article de Berthe Barhayiga m'avait littéralement bousculé dès sa soumission. Il était consacré à la morbidité et mortalité dans les arrêts cardio respiratoires réanimés (2). Dans cette étude, 85% d'arrêts étaient survenus au bloc opératoire, chez des patients d'âge moyen de 33,1 ans. La mortalité (après récupération et admission en réanimation) était de 85%.

Même si notre collègue ne précise pas la prévalence de ces incidents dramatiques, des décès en RDC après des interventions à priori mineures sont devenues #routine# et devraient nous interpeller.

Nous avons vite fait de soupçonner les oncles, l'empoisonnement, ou encore d'atterrir par le fameux #Nzambe kaka alingaki..#, mais il nous faudrait en rechercher les causes réelles.

Pour cela, Il faudrait instituer ou formaliser (commencer par les grandes institutions hospitalières) des revues de morbi-mortalité (RMM), obligatoires en Occident comme nous le savons, qui permettront d'analyser les causes des décès inattendus afin d'apporter des correctifs. Avoir un taux de complications de près de 20% des opérés, parmi lesquels 10% décèdent est simplement inacceptable.

Les raisons évoquées dans l'article du Lancet sont malheureusement déjà connues: manque de suivi post opératoire, carence d'experts, vétusté des matériels.

Cela semble mieux quand c'est dit par des tiers lointains, parce que en plus de cela, il y a une espèce d'omerta dans certains milieux dans notre pays, qui veut que certains n'acceptent pas que des évidences soient ....dites! Ce serait taxé de manquer des respects envers je ne sais qui.

Nous devons nous bouger (ailleurs et ici; et il y a plein de ressources compétentes en RDC), ouvrir les yeux, et ensemble, proposer des solutions, pour que l'espérance de vie des congolais ne demeurent pas parmi les plus mauvaises au monde et en Afrique. Ne rien faire (ou pas grand-chose), et/ou empêcher les autres, assimilerait à la complicité.

Antoine Tshimpi.

(1). Biccard B et al. Perioperative patient outcomes in the African Surgical Outcomes Study: a 7-day prospective observational cohort study. Lancet 2018.
(2). Barhayiga B et al. Morbidity and mortality of resuscitated cardiopulmonary arrest admitted to intensive care in Kinshasa university clinics. Ann afr med 2017.

Dr Antoine TSHIMPI
Interniste HépatoGastroEntérologue
Cliniques Universitaires
Clinique Marie-Yvette
Centre Médical de Kinshasa
Kinshasa -RD Congo
+243 8510 35 383

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