Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Instant d'humeur par Dr Antoine TSHIMPI. Juin 2017.

25 Juin 2017 , Rédigé par Antoine TSHIMPI

Instant d’humeur Juin 2017
21 juin 2017, date inoubliable.
Par Antoine TSHIMPI.

Chers tous,

Le 21 juin, une date, déjà célèbre, aura désormais d’autres raisons pour être gravée dans ma mémoire, et que j’aimerais partager avec vous.

D’abord en France, puis maintenant quasiment à travers le monde, le 21 juin rappelle LA FETE DE LA MUSIQUE, genre d’inventions ou de trouvailles qui viennent des esprits épris du bien-être humain.

Un de ses objectifs est de rassembler des peuples, de raffermir les liens sociaux, dans une ambiance festive.

Imaginez des hommes et des femmes, d’horizons différents, se rencontrer, le même jour, aux Champs-Elysées (Paris), à Trafalgar-Square (Londres), devant Sagrada familia (Barcelone), à Central Park dans le Manhattan (New-York), place de la République (Le Mans), place du Commerce (Nantes),….dans le superbe complexe Sportif et évènementiel de Kintelé (proche de Brazzaville), ou… ,j’espère dans un proche avenir, Boulevard Triomphal et place de la victoire (Kinshasa) ; imaginons donc ces personnes, uniquement guidées par des sons de musique dont on ignore parfois la provenance, peut-être quelquefois céleste, qui se donnent spontanément rendez-vous sur des pistes improvisées, dans la nature qui nous appartient finalement à tous, pour se déhancher au rythme du rock, la salsa, le ndombolo, la rumba, et que sais-je encore.

Le 21 juin, le monde (re) devient une piste grandeur nature, à ciel ouvert, où l’humain retrouve (ou devrait retrouver) certaines de ses vertus originelles, le vivre-ensemble ou le vivre-bien, cher à Confucius et à Platon, un des élèves de Socrate!

Il m’arrive de rêver : Le futur Docteur SCHATZ, par sa découverte de la Streptomycine en 1943, alors qu’il était encore étudiant, a contribué à sauver des vies d’innombrables personnes atteintes d’une infection bizarre pendant la guerre mondiale 1940-45, infection qui s’est en fait révélée être la tuberculose. La streptomycine était ainsi le premier anti tuberculeux, et son découvreur, ou plutôt le maître de celui-ci, le Professeur Waksman qui en a tiré gloire, fut couronné du Prix Nobel de la Médecine et physiologie en 1952!

Je suis convaincu que Jack LANG, ce prolifique inventeur culturel, recevra un jour son prix Nobel de la Culture pour son décisif coup de pouce en 1982, pour la vulgarisation de la fête de la musique, imaginée en 1976 par Joel Cohen, musicien et journaliste américain, qui travaillait alors à Radio France !


Mais mon 21 juin aura désormais une touche supplémentaire, aux couleurs africaines !
J’ai reçu le 20 juin 2017 à la Clinique Marie-Yvette à Kinshasa, une patiente de plus de 80 ans, dont les traits de fatigue et d’amaigrissement cachaient mal le dynamisme de son jeune âge, et que tout médecin voudrait contribuer à rétablir.

Elle est atteinte d’un cancer des voies biliaires (sous le foie), dont la particularité est de bloquer les tuyaux par où doit couler au moins 1litre300 de bile que nous fabriquons tous les jours. Conséquence, la bile prend de mauvaises déviations (pour contourner l’obstacle), passe dans le sang.

La patiente était devenue jaune (la couleur de la bile), fatiguée, amaigrie, douloureuse, s’éteignait au fil des jours. Les Complications infectieuses dues à l’obstacle à l’écoulement de la bile ou l’extrême dénutrition donnent souvent le coup fatal.

Le principe du traitement, lorsque l’on arrive trop tard et que l’on ne peut plus opérer pour guérir (c’est le cas pour notre patiente), est de trouver absolument une solution pour permettre la circulation de la bile.

Quelques techniques endoscopiques et radiologiques sont possibles, mais aucune n’est réalisable en RDC, voire dans toute l’Afrique noire ! En fait, n’étaient pas réalisées en RDC jusqu’au 20 juin ; puisque le 21 juin 2017, nous avons conjuré ce démon qui étouffe l’africain et avons pu réaliser une de ces techniques.

Mon ami Jacques-Aimé Bazeboso, radiologue interventionnel, et moi-même, endoscopiste interventionnel, avons posé à notre patiente un DRAIN BILIAIRE EXTERNE, une technique que nous avons tous les deux pratiquée en Europe, mais qui semblait lointaine pour la RDC, et peut-être pour toute l’Afrique subsaharienne ; une première donc!

Dès le lendemain, madame X, qui tenait à peine sur ses jambes à son arrivée, retrouvait peu à peu son énergie ; elle n’a pas décliné ma proposition d’aller avec moi en boîte prochainement! Mais un peu plus tard a-t-elle promis, le temps pour elle de retrouve toutes ses couleurs.

Je ne vous ai pas encore dit qu’elle réside dans une capitale d’un pays voisin de la RDC, venue spécialement pour ces soins, son médecin traitant savait que je pouvais m’en occuper. Elle va retourner chez elle demain. Il n’y a pas meilleure récompense pour nous que de la voir retrouver le sourire.

Sacré 21 juin 2017.

Une fois notre opération radio-endoscopique terminée, je devais retraverser ou survoler les embouteillages de la grande métropole Kinshasa, et retourner aux Cliniques Universitaires.
J’y étais déjà tôt le matin assister aux épreuves pratiques et y retournais pour assister à une défense publique de mémoire de fin de spécialisation en médecine interne.

Ce 21 juin donnait le top départ d’une saison inoubliable ! La première de nos assistantes (sur 3 qui ont pris l’option maladies de l’appareil digestif), dont je suis le Co-directeur de Mémoire, présentait et défendait son travail sur la prise en charge des hémorragies digestives à Kinshasa.

J’étais arrivé peu avant la fin de la séance, mais les commentaires du Jury laissaient peu de place à des doutes quant à sa prestation. Verdict : Distinction !

Je ne boude pas le plaisir et l’espoir de voir les deux suivants (la semaine prochaine) faire au moins aussi bien.

Je suis sûr d’avoir contribué, tout modestement, à ce renouveau. Il ne s’agit pas d’orgueil, ceux qui me connaissent savent que je déteste cela, mais d’un sentiment indicible pour moi.

Contribuer à l’amélioration des soins administrés à nos compatriotes et à la formation des jeunes était, pour mon épouse et moi-même, une des principales motivations de notre retour au pays après plusieurs années d’exercice en France.

Les réalisations de ce 21 juin 2017 renforcent notre détermination, et sont un magnifique cadeau que nous dédions à tous ceux, comme nous, sont des inconditionnels amoureux de notre beau pays, la RDC.

Sacré 21 juin 2017 !

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article